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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/131

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Le père Thomas.

Ah bien ! s’il m’entortille, je saurai bien me détortiller. Bien le bonsoir, monsieur. J’ai une affaire pour le moment, et je ne peux pas perdre mon temps à causer.

M. Frölichein sortit mécontent et inquiet ; il désirait vivement avoir Gaspard. L’intelligence, la persévérance et la volonté de ce garçon devaient en faire un homme hors ligne, et qui serait, en trois ou quatre ans, très utile à sa fabrique commençante. Il voulait le souffler à M. Féréor, contre lequel il osait lutter pour la fabrication des fers et des cuivres.

Le père Thomas, qui était fin, vit bien le parti qu’il pouvait tirer de cette lutte.

« Je donnerai Gaspard à celui qui m’en offrira le plus, se dit-il. Les deux fabriques se valent ; il y a du bon et beaucoup de mauvais. J’aimerais mieux le voir rester avec nous, comme Lucas, que d’entrer dans ces fabriques qui vous rendent mauvais sujets et ces mécaniques qui vous mettent en pièces avec leurs rouages et leurs engrenages, si on n’y prend garde. Mais, puisqu’il le veut absolument… »

La distribution se passa comme les deux années précédentes, avec la différence qu’avant de commencer, le maître d’école annonça que l’aptitude, l’intelligence et l’application extraordinaires de Gaspard Thomas le mettaient hors du concours, et qu’en remplacement de tous les premiers prix