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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/143

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Thomas.

Oui, oui, tu n’as pas eu tort ; mais Lucas n’a pas eu tort non plus, car la ferme… »

Il fut interrompu par l’entrée de M. Féréor lui-même. Tous se levèrent et ôtèrent leurs chapeaux.

M. Féréor.

Père Thomas, on dit que vous hésitez à me donner votre garçon. Vous avez tort ; il a de la capacité, il aime le travail, il a envie d’arriver ; chez moi, il sera mieux que partout ailleurs, et il arrivera plus sûrement qu’ailleurs.

Thomas.

Monsieur, c’est que M. Frölichein…

M. Féréor.

Ne me parlez pas de ce Frölichein ; c’est un drôle, un animal qui ne sait rien, qui sera en prison pour dettes d’ici à peu d’années. Je prends votre garçon pour cinq cents francs, et je promets de l’augmenter dès qu’il pourra m’être utile. Je me charge de son entretien ; vous n’avez besoin de vous occuper de rien. Bien le bonsoir, père Thomas ; bonsoir à la compagnie. Toi, Gaspard, suis-moi, je vais te présenter à mon premier commis, Férey.

Gaspard regarda son père, qui n’osa pas le retenir, et il suivit son nouveau maître.

« Tiens, lui dit M. Féréor, voilà une pièce de cinq francs pour toi ; c’est ton pourboire. Es-tu content ou fâché que je t’aie enlevé comme je l’ai fait ?