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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/144

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Gaspard.

Très content, monsieur ; mon père ne se serait jamais décidé. Monsieur lui fait peur ; il n’ose pas résister en face de monsieur.

M. Féréor.

On me craint donc dans le pays ?

Gaspard.

Ah ! je crois bien, m’sieur. Quand on vous attend à l’usine, m’sieur, chacun est à son affaire ; pas de danger qu’on se détourne de l’ouvrage.

M. Féréor.

Et quand je suis absent ?

Gaspard.

Oh ! m’sieur, c’est tout autre chose ! On travaille, mais on rit, on cause, on quitte parfois les outils, les bobines, et ça ne fait pas bien. M’sieur sait qu’il faut être tout à son affaire pour bien réussir, et que celui qui veut rire ne travaille pas comme il faut travailler.

M. Féréor.

Mais les contre-maîtres ne surveillent donc pas ?

Gaspard.

Si fait, m’sieur, mais pas comme monsieur lui-même. Et puis ils se promènent ; ils chassent parfois, et cela ne va pas.

M. Féréor.

Comment sais-tu tout cela ?

Gaspard.

Je le vois bien quand j’y vais pour une commission. Il ne faut guère de temps, m’sieur, pour