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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/157

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chand de pommes ; avec ça que je ne lis pas facilement l’écriture. J’ouvre ; je vois en grosses lettres cinq cents francs, en bas la signature ; je dis à Guillaume de serrer le papier avec les autres, et je ne m’en occupe plus. Mais ne voilà-t-il pas que je reçois ce matin une assignation par huissier pour payer ces cinq cents francs ! Je cours chez Basile qui nie les avoir reçus ; je retourne chez moi pour demander des explications à Guillaume, qui me dit les avoir remis à Basile lui-même. Je cherche le reçu ; j’ouvre, je vois cinq cents francs et la signature de Basile. J’y retourne ; il me dit que ce n’est pas un reçu, mais un consentement d’attendre le payement des cinq cents francs à la première sommation.

« Comme je te disais, je ne suis pas fort sur la lecture et surtout pour lire l’écriture. Je ne pouvais croire à une pareille filouterie ; je cours chez le maître d’école, il me dit que c’était bien ça, pas un reçu, mais un délai jusqu’à première réquisition. Je retourne chez Basile plus mort que vif : je lui parle doucement d’abord, puis je m’emporte, je l’agonise d’injures, et finalement je lui donne une roulée qui pourra compter.

« Il envoie chez le maire pour porter plainte et dire qu’il est hors d’état de bouger. M. le maire arrive, cause avec lui, vient chez moi ; je lui raconte la chose ; il me dit que Basile est un fripon, mais qu’il faut payer, et de plus, que je serai traduit devant le juge de paix pour avoir battu