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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/169

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partout ; il ne tarderait pas à te découvrir, et je me perdrais sans te sauver.

Urbain.

Mais vous savez qu’il a grande confiance en vous, qu’il a l’air d’avoir de l’affection pour vous.

Chrétien.

Affection, confiance ! Il n’a d’affection pour personne ; il n’a confiance en personne. Tiens, voici ton compte, mon ami ; j’y ajoute trois journées de plus, je ne puis faire davantage. Pars vite. S’il vient à te rencontrer, il est capable de me mettre à la porte avec toi.

Chrétien avait raison, Urbain le sentait ; il prit donc son argent, serra la main du contremaître et partit, se proposant bien de dire tout le mal possible de M. Féréor, et de se plaindre de Chrétien à sa sœur.

Il était à peine parti que le patron rentra.

M. Féréor.

M’as-tu débarrassé de ce vaurien ?

Chrétien.

Oui, monsieur ; il est parti, et il a eu bien du chagrin de vous quitter, monsieur.

M. Féréor.

C’est bon ! Qu’on ne m’en parle plus ! Fais-moi voir ton livre de comptes.

Après l’avoir examiné :

« Pourquoi, dit-il, as-tu payé à Urbain trois journées de trop ? »