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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/184

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Lucas.

Au revoir, Gaspard ; et dépêche-toi, car mon père est tout tracassé de cette lettre.

Gaspard.

Tracassé ? Il n’y a pas de quoi. Deux cent mille francs ! C’est un joli magot.

Lucas.

Oui ; mais, s’il faut qu’il y aille, il aime mieux faire des sacrifices.

Gaspard.

Je te dirai tout ça. Va-t’en, il faut que je parte.

Et, sans attendre l’adieu de Lucas, Gaspard partit en courant pour se rendre à l’atelier et constater l’heure du retour de chacun ; les retardataires étaient marqués impitoyablement ; aucune considération ne pouvait empêcher Gaspard de faire son devoir.

Lucas revint en courant à la ferme. On finissait de dîner comme il entrait. Les ouvriers retournaient au travail.

La mère.

Pauvre garçon, es-tu rouge et essoufflé ! J’ai tenu ton dîner au chaud ! Mets-toi à table, mon ami, et repose-toi ; tu sembles rendu de fatigue.

Lucas.

Je suis fatigué, mère, c’est vrai ; mais, quand j’aurai mangé, il n’y paraîtra plus… Gaspard était pressé ; il n’a pas eu le temps de lire la lettre du notaire et de me donner son avis, mais il