Aller au contenu

Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. Féréor.

Bien, Gaspard ; tu as tout prévu, tout arrangé ; c’est une affaire, bien, très bien raisonnée. Tu auras les cent cinquante mille francs quand tu voudras, et je t’autorise à mettre dans mes usines ce qui te restera de l’héritage ; tu gagneras trente ou quarante mille francs par an, comme tu l’as dit.

Gaspard.

Merci, monsieur ; cent fois et toujours merci. C’est vous qui m’avez recueilli, qui m’avez fait instruire, qui m’avez mis à même de me faire une position inespérée ; et maintenant, vous commencez ma fortune avec cette générosité, cette bonté qui ne se sont jamais démenties.

M. Féréor.

Je suis bien aise de te rendre service, Gaspard ; toi, du moins, tu ne diras pas que je suis avare, dur.

Gaspard, avec animation.

Avare ! dur ! Le plus sagement généreux des hommes ! le plus juste et le meilleur des maîtres ! Qu’on vienne donc le dire en ma présence ! et moi, qui ne me suis jamais battu, je tomberais dessus avec toute la force que Dieu m’a donnée.

— Merci, mon ami, répondit M. Féréor d’une voix presque douce, que Gaspard ne lui avait jamais entendue.

Et M. Féréor sortit après lui avoir encore serré la main.