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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/227

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M. Féréor.

Parle, mon ami, parle sans crainte.

Gaspard.

Que monsieur ne laisse pas voir que l’idée vient de moi. Si monsieur vivait avec les ouvriers, comme moi, et les entendait causer librement, il verrait combien il est important de leur laisser croire que tout ce qui est bon, utile, vient de monsieur seul ; et que là où d’autres ne voient pas possibilité de perfectionner, monsieur le voit et le trouve… Que monsieur me pardonne ma hardiesse et veuille bien s’approprier le dessin de l’engrenage.

M. Féréor.

Je l’accepte, mon ami, et je n’oublierai pas ton avis. Il est bon, et j’en serai plus à l’aise pour causer avec toi de mes idées et pour profiter des tiennes.

Gaspard.

Merci bien, monsieur.

En faisant croire qu’il était l’obligé de M. Féréor, Gaspard avait flatté l’amour-propre de son maître, et il avait gagné dans son estime et sa confiance. Il le suivit à l’atelier. M. Féréor examina le mécanisme des bobines, trouva l’engrenage proposé par Gaspard utile et intelligent. Il en causa avec les contremaîtres, et donna à Gaspard l’ordre d’en faire l’essai.

Cette conduite habile de Gaspard augmenta beaucoup la confiance et l’amitié de M. Féréor. Il