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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/265

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aujourd’hui la récompense de son zèle, de son dévouement et de son intelligence. Il est devenu mon fils, l’héritier de ma fortune et de ma gloire. C’est le fils de mon cœur aussi bien que de mon esprit. Il partagera à l’avenir mon autorité, et vous lui devez tous respect et obéissance. »

M. Féréor ouvrit les bras : Gaspard s’y précipita et y fut longtemps retenu par son père adoptif. Après cette étreinte, M. Féréor le prit par la main et le conduisit dans tous les rangs des ouvriers qui applaudissaient, qui battaient des mains et qui riaient en dessous de l’exhibition théâtrale que subissait Gaspard.

« Voilà mon fils ! Je vous présente mon fils ! » répétait M. Féréor.

Quand tous les rangs furent parcourus, quand l’acte d’adoption présenté par le notaire fut signé, M. Féréor, donnant le bras à Gaspard, se dirigea vers la grande route suivi de tous les ouvriers, et alla à l’église, où l’attendaient le curé, le clergé des environs et une nombreuse réunion de chantres ; ces derniers entonnèrent un Te Deum retentissant, pendant lequel le curé, escorté du clergé, mena MM. Féréor père et fils dans le chœur où on leur avait préparé un prie-Dieu et des fauteuils velours et or.

La foule avait déjà envahi l’église ; au premier rang on avait placé le père et la mère Thomas et Lucas. Une messe basse commença et fut écoutée avec respect et recueillement par tous les assis-