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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/268

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Thomas.

Ma foi, oui ; je me fais vieux ; j’ai de quoi vivre, et je lui ai dit : « Mon garçon, tu aimes la terre, prends-la à ton compte ; je te la donne, ce sera ta dot. »

Michel.

Fameuse dot ! Et n’avez-vous pas eu un héritage de la cousine Danet ?

Thomas.

Oui, et un fameux : j’en ai tiré cent cinquante mille francs ; je vis avec ça sans me gêner.

Michel.

Vous avez bien mené et bien calculé votre affaire, père Thomas : un garçon pour faire fortune, et l’autre pour faire marcher la ferme ! Faut-il que vous ayez poussé Gaspard à l’étude, pour qu’il soit devenu savant comme il est !

Thomas ne répondait pas ; il savait comment le pauvre Gaspard avait soutenu la lutte contre lui, combien il avait été grondé et battu pour sa constance au travail de l’école ! Il savait que Lucas aussi avait été maltraité à cause de son goût prononcé pour l’agriculture, et que si la ferme marchait si bien, c’était au courage et à l’excellent caractère de Lucas qu’il le devait. Le voisin Michel se mit à rire.

Michel.

Vous ne parlez pas, père Thomas ! Je sais bien ce qui vous tient. Vous ne voulez pas avouer le nombre de coups que vous leur avez donnés pour