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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/274

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arrivés ; viens prendre possession du logement que je t’ai fait préparer ; tu y compléteras ce que j’aurai oublié.

Le père et le fils s’installèrent chacun chez soi. Leurs chambres étaient près l’une de l’autre. Celle de Gaspard était bonne et ne manquait d’aucun meuble essentiel ; il n’était pas difficile, du reste ; le luxe était inconnu chez M. Féréor ; un lit passable, une commode, une table, un fauteuil et deux chaises formaient tout l’ameublement du père comme du fils ; M. Féréor avait de plus un grand bureau à cylindre et un meuble à tiroirs pour serrer ses papiers.

Gaspard se coucha si heureux qu’il fut longtemps sans dormir.

Après avoir repassé dans sa tête tous les événements de cette heureuse journée, il pensa qu’il était enfin arrivé à son but ; les millions qu’il avait désirés dès son enfance lui étaient assurés ; sa position dans les usines dépassait toutes ses espérances ; les affaires l’occupaient et ne laissaient pas de place à l’ennui ; il aimait bien réellement son père adoptif, mais il sentit avec peine que cette affection n’était pas encore le bonheur, que quelque chose manquait à sa complète satisfaction.

« Je ne sais pourquoi, pensait-il, ma vie ne me semble pas encore assez remplie…

« Je suis pourtant arrivé au but de mes constants efforts, je suis maître de mon avenir. Mon