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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/281

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de chez moi ; que ni toi ni moi ne pourrons regarder sans haine et sans mépris.

Gaspard.

Mais, mon père, votre renommée, votre gloire ?

M. Féréor.

Écoute, Gaspard. J’aurais non seulement accepté, mais demandé ce sacrifice, il y a deux ou trois ans ; maintenant il me serait trop dur, parce que, comme je te l’ai dit hier, tu as su réveiller mon cœur. Je t’aime et je serais malheureux de ton malheur.

Il s’arrêta quelques instants.

« Si, du moins, la fille était bien ! », murmura-t-il comme se parlant à lui-même.

Cette pensée, échappée à la préoccupation de M. Féréor, décida Gaspard à faire le sacrifice de son bonheur intérieur, du repos de sa vie, pour délivrer son père du malheur qui le menaçait. Il n’hésita plus.

Gaspard.

Mon père, il faut accepter la proposition de ce drôle.

M. Féréor.

Qu’est-ce que tu dis ? Qu’est-ce que tu dis ? Tu es fou !

Gaspard.

Non, mon père, je suis dans mon bon sens. Je prévois pour nous une série d’inquiétudes, de peines, de tourments, peut-être de malheurs, dont nous sommes menacés par ce misérable. Vos intérêts sont les miens ; vous m’avez donné le