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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/311

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Gaspard.

Je n’en sais rien ; je ne l’ai jamais vue.

Thomas.

Mais ce n’est pas possible. Comment, tu épouses une femme que tu n’as jamais vue ?

Gaspard.

Oui, mon père ; c’est un mariage d’affaires. C’est pour l’avantage des usines.

Thomas.

Et si cette femme est laide, sotte et mauvaise ?

Gaspard.

Il faudra bien que je la garde tout de même.

Thomas.

Malheureux ! Mais tu mèneras une vie de chien, une vie de galérien !

Gaspard.

Non, mon père. Je vivrai pour M. Féréor et pour ses usines.

Thomas.

Et si tes enfants tiennent de ton affreuse femme ?

Gaspard.

J’espère ne pas en avoir, et si j’en ai qui ressemblent à ma femme, je ne les regarderai pas.

Thomas.

Et que te donne ton nouveau père pour conclure le marché ?

Gaspard.

Cinq millions tout de suite et autant après lui.

— Cinq millions ! » répéta trois fois le père Thomas. Et il se tut.