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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/328

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« Rien de plus juste, répondit M. Féréor. C’est bien, ce qu’elle a fait là, Gaspard. C’est poli, convenable, respectueux.

— Oui, elle a bien fait », répondit Gaspard froidement.

À onze heures un quart, Gaspard envoya à sa future la voiture qui devait être la sienne ; lui et M. Féréor se rendirent dans la leur à la mairie.

Gaspard.

Votre voiture continuera à être la mienne, mon père ; l’autre sera pour ma femme… Mon père, que c’est dur de devoir dire : Ma femme, et d’avoir cette étrangère pour toujours en tiers entre nous, à tous nos repas.

M. Féréor.

Elle ne sera pas bien incommode, je pense ; et, en tout cas, si elle est exigeante, ennuyeuse, tu la mettras à la raison.

Gaspard.

C’est égal, c’est fort ennuyeux d’avoir des femmes qui se mêleront de tout, qui voudront dominer dans la maison, qui ennuieront votre vieille femme de charge, Mme Bonjean.

M. Féréor.

Non, non, mon enfant ; tu vois trop en noir. Cette enfant ne doit pas avoir de volonté ; pense donc qu’elle a seize ans à peine. Tu lui donneras les habitudes que tu voudras.

Gaspard.

Et la bonne ? Ces femmes qui ont élevé leur maîtresse sont insupportables.