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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/372

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Le résultat de ses réflexions fut un déluge de larmes. Elle descendit de voiture pleurant comme une Madeleine ; les domestiques qui la reçurent s’en étonnèrent et accusèrent leurs maîtres de cruauté envers leur charmante jeune maîtresse, à laquelle ils s’intéressaient déjà. On alla prévenir la bonne et la femme de charge ; cette dernière vint savoir si madame était souffrante.

Mina.

Non, madame ; je vous remercie de votre bonté. Je vais très bien ; seulement…

Mina se tut et pleura de plus belle.

Madame Bonjean.

Je prie madame de m’excuser. Je suis bien fâchée de voir madame si désolée. Il y a longtemps que je suis dans la maison ; il est bien naturel que je prenne intérêt à ma jeune maîtresse.

Mina.

Merci, chère madame. Je suis bien contente que vous ayez un peu d’amitié pour moi. Je suis bien reconnaissante qu’on veuille bien m’aimer. Mon Dieu, mon Dieu, que je suis malheureuse !

La femme de charge, touchée des larmes de Mina, ne savait comment et de quoi la consoler ; elle alla prévenir la bonne, Mme Gauroy, qui accourut près de Mina.

« Qu’as-tu, mon enfant ? Ma chère enfant, pourquoi pleures-tu si amèrement ?

Mina.

Ma bonne, ma chère bonne, je suis bien malheureuse ; Gaspard ne m’aime pas. »