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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/373

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La bonne, ne sachant pas ce qui s’était passé, ne put rien dire pour lui persuader le contraire ; elle pensa que Gaspard avait été dur et grossier pour sa chère enfant, et elle le détesta un peu plus qu’auparavant.

Les heures s’écoulèrent. Mina, fatiguée de plusieurs nuits agitées et de sa douleur récente, s’endormit dans son fauteuil. Elle dormait encore quand Gaspard entra précipitamment. Il avait su par Mme Bonjean tout ce qui s’était passé et l’état de désolation de Mina à son retour. Gaspard et M. Féréor furent consternés de ce grand chagrin.

« Va, mon fils, dit M. Féréor, va vite près d’elle ; tâche de gagner sa confiance et qu’elle t’avoue ce qui l’a mise dans cet état. »

Gaspard entra donc chez Mina, qui dormait. Il s’arrêta devant elle et considéra longtemps cette attitude gracieuse, ce visage charmant qui portait encore la trace de ses larmes. Gaspard se mit à genoux près d’elle et baisa doucement la main qui soutenait la tête de Mina.

« Pauvre petite ! » dit Gaspard.

Ces paroles, quoiqu’elles eussent été prononcées à voix basse, réveillèrent Mina. Elle poussa un cri en voyant Gaspard.

« Mina, chère Mina, qu’avez-vous ? » lui dit-il en la retenant dans son fauteuil.

Mina.

J’ai beaucoup de chagrin, Gaspard.