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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/392

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le regard et le sourire d’un ange, et que tu es un ange. »

Et il baisa la main de Mina en ajoutant :

« À l’avenir, chère Mina, ferme la fenêtre quand tu voudras chanter. Je n’aime pas que tous ces gens se permettent de t’applaudir et de vouloir te faire recommencer.

Mina.

Je la fermerai, mon ami. Mais… serais-tu jaloux ? Tu as l’air furieux, ajouta-t-elle en riant.

Gaspard.

Je ne l’étais pas, Mina, mais je le suis devenu depuis que je t’aime ; et je déteste qu’on te regarde effrontément, qu’on te suive dans la rue, qu’on m’envie mon bonheur ; tout cela m’irrite et me déplaît.

Mina.

Ah ! mon Dieu, Gaspard, calme-toi ! Si tu savais comme tu as l’air méchant !… et pourtant, je t’aime bien ainsi, mon cher, cher Gaspard. »

Un domestique frappa à la porte.

« Entrez ! dit Gaspard d’une voix formidable.

— Quelques jeunes gens demandent à être admis près de monsieur ou de madame.

— Qu’ils aillent se coucher, répondit Gaspard avec colère. Dites-leur que madame ne reçoit pas, et que monsieur travaille et ne peut recevoir personne. »

Le domestique sortit. Mina resta debout et souriante devant Gaspard, dont les sourcils froncés,