Aller au contenu

Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme qui s’est noyé il y a huit jours, et chez laquelle m’avait menée M. le curé. Elle pleurait à faire pitié, cette pauvre femme. J’ai pleuré avec elle ; je n’ai pu lui donner que dix francs ; elle a deux petits enfants tout jeunes et si gentils !

Gaspard.

Chère petite, pourquoi ne pas m’avoir demandé de l’argent ? il ne faut pas t’en laisser manquer. Mon père, me permettez-vous de dire à la caisse qu’on donne à Mina tout ce qu’elle demandera ?

M. Féréor.

Certainement, mon fils ; tes ordres et les miens ne se contrediront jamais.

Mina.

Merci, mon père ; merci, cher Gaspard ; je ferai la charité en votre nom, et je ferai prier tout le monde pour vous et pour Gaspard. Une chose qui me manquera bien là-bas, c’est mon piano, surtout en l’absence de Gaspard ; j’aurais joué et chanté tous les soirs les morceaux qu’il aime tant. Je penserai à toi, mon Gaspard, et je compterai les heures qui me séparent encore de toi.

Gaspard.

Et surtout ne t’afflige pas.

Mina.

Non, non, sois tranquille ; je comprends que huit jours sont bien vite passés.

Le déjeuner était fini. Il fallut s’occuper des préparatifs du départ. Gaspard monta avec Mina pendant que M. Féréor donnait ses derniers or-