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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/405

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Le curé.

Vous, madame ? Mais vous êtes plus que sa femme, vous me semblez devoir être son bon ange ! J’avais bien entendu parler, par les gens de l’usine, de votre bonté et de votre piété, mais j’ignorais que ce fût Mme Féréor à laquelle j’ai l’honneur de parler.

Mina salua et rappela au curé son invitation.

« À midi, monsieur le curé, n’est-ce pas ? » dit-elle en s’en allant.

Le curé fut exact et satisfit aux nombreuses questions que lui adressa Mina ; elle apprit avec une pénible surprise que ni son beau-père ni son mari ne s’occupaient des pauvres de leur commune et des environs.

Mina.

Et pourtant, dit-elle, Gaspard est bien bon ; il m’a donné mille francs pour les pauvres dès les premiers jours de mon mariage, et il m’a dit que je pouvais donner tout ce que je voudrais, cent, deux cent mille francs si je voulais.

Le curé.

C’est qu’avant vous, madame, il n’y pensait pas, et que votre charité a réveillé la sienne.

Mina.

Je ne la laisserai pas s’endormir, monsieur le curé, soyez-en sûr. Nous viendrons au secours de tous les pauvres ; nous leur donnerons du travail, des vêtements, des logements, du bois, du pain. Nous exigerons que les enfants aillent à l’école et