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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/84

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Lucas.

C’est que ce ne sont pas les mouches, c’est moi qui te chatouille avec mes rubans à panier.

Gaspard.

Toi ? Que c’est bête ! Avise-toi de me toucher !

Gaspard reprit sa lecture, Lucas son panier ; il tenait à la main un long ruban qui alla caresser la joue de Gaspard.

« Encore ! s’écrie Gaspard. Ça m’ennuie. Je ne veux pas que tu me touches ! Entends-tu ? Je ne le veux pas !

Lucas.

Tu te fâches à tort, Gaspard, cette fois, je ne l’ai pas fait exprès.

— Ne recommence pas », dit Gaspard d’un air sec et mécontent.

Lucas était bien près de Gaspard, si près que, sans y penser, en détortillant un de ses rubans, le bout vint encore chatouiller le visage de Gaspard. Celui-ci se retourna vers Lucas et lui allongea un coup de poing dans le dos. Lucas arracha le livre des mains de Gaspard et le jeta au loin ; Gaspard saisit le panier de Lucas, le brisa, et en fit autant des rubans préparés pour l’achever.

Lucas.

C’est méchant ce que tu fais, Gaspard ; mon père m’avait dit de faire ce panier dont il a besoin pour demain, et voilà que tu l’as mis en pièces.

Gaspard.

Pourquoi m’ennuies-tu en me chatouillant ?