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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/88

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l’avait appelé pour l’affaire du panier brisé ; les conclusions accoutumées de ces sortes d’affaires étaient des coups à recevoir. Gaspard voulait laisser tomber la colère de son père, et il résolut de ne rentrer que pour le souper.

Lorsqu’il arriva vers la fin du jour, il regarda avec effroi le visage assombri de son père, qui lui dit brusquement :

« Où as-tu été, paresseux, fainéant ?

Gaspard, craintivement.

Je me suis promené en lisant, mon père.

Thomas.

Quand on a besoin de toi, tu n’y es jamais. J’avais une lettre pressée à te faire lire ; on t’a cherché partout ; mais… toujours la même chanson. Quand tu pourrais être bon à quelque chose, tu disparais. »

Gaspard ne répondit pas ; il avait trop peur.

« Tiens, reprit le père, lis-moi cette lettre. »

Gaspard prit la lettre et lut :

« La vache bringée que tu voulais avoir, père Thomas, et pour laquelle tu ne te décidais pas, a paru gentille au voisin Camus ; il vient me l’acheter ; il m’en donne deux cent cinquante-trois francs. Si tu la veux pour ce prix, viens la quérir ; réponds tout de suite ; si tu ne me fais pas dire que tu la prends, c’est que tu n’en veux pas, et Camus la paye et l’emmène de suite. Je suis ton ami pour la vie.

« Guillaume. »