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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/93

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Gaspard.

Qu’as-tu donc, Lucas ? on dirait que tu vas pleurer ?

Lucas.

Je n’en suis pas loin, va. Voilà mon père qui m’ordonne d’aller à l’école.

Gaspard.

Ce n’est pas un grand malheur. Il y a longtemps que je te dis d’y aller.

Lucas.

Mon père veut que j’y aille tous les jours ; il me battra si je n’y vais pas.

Gaspard.

Pas possible ! Et moi qu’il battait quand j’y allais ! Et le travail de la ferme ? Il va donc falloir qu’il prenne quelqu’un pour te remplacer.

Lucas.

Je ne sais pas ; ce sera comme il voudra. Si j’allais à l’école trois fois par semaine, je pourrais travailler les autres jours. J’aiderais maman pour le beurre, pour le ménage, pour les volailles, pour bien des choses.

Gaspard.

Oui, mais n’essaye pas ; tu sais qu’il ne fait pas bon de mettre mon père en colère, surtout quand il a du cidre dans la tête.

Lucas.

Oui, oui, je le sais bien ; il n’aime pas la résistance.

Lucas se résigna docilement au caprice de son