Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/252

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C’est la cause la plus ridicule que j’aie jamais eu à juger. »

L’huissier engagea Mme Bonbeck et les Polonais à sortir ; les Polonais saluèrent humblement ; Mme Bonbeck regimba et voulut résister. L’huissier essaya de lui prendre le bras.

« Ne me touchez pas, sapristi ! Si vous mettez la main sur moi, je vous fais dévorer par mon chien. Ici, Folo, partons mon ami ; la justice, c’est toujours la même chose ; nous la rendrions mieux nous deux. »

Avant que le président se fût décidé à relever la phrase injurieuse de Mme Bonbeck, celle-ci était partie comme une flèche suivie des Polonais, de Prudence et de Simplicie, ces deux dernières effrayées et troublées.

« Eh bien ! mes amis, nous nous sommes joliment tirés d’affaire ; bravo, mon Folo ! toi tu as rendu la justice au moins. Ha ! ha ! ha ! comme tu y allais l’amour des chiens ! A-t-on jamais vu un mauvais caniche, un chien de rien du tout, montrer les dents à mon beau et brave Folo, et sauter dessus encore ! Aussi a-t-il eu son affaire, ce vaurien, cet animal, digne de sa maîtresse. C’est à rire, parole d’honneur. »

Ils rentrèrent chez eux tout satisfaits de l’heureuse issue de cette affaire, qui aurait pu être fâcheuse pour les Polonais si elle avait été plaidée par une