Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/323

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Pendant que quelques élèves maintenaient de vive force les dix ou douze qui avaient été les plus acharnés au supplice du pauvre Innocent, les autres le relevaient et le secouraient de leur mieux ; à peine avaient-ils eu le temps d’essuyer ses larmes et de le rassurer par des promesses de protection, qu’on entendit du bruit au dehors : la porte s’ouvrit et le chef d’institution, accompagné du maître d’étude et de quelques hommes attachés à la maison, parut et parcourut du regard les différents groupes qui, s’offraient à ses yeux. Dans un coin, un demi-combat avait lieu entre les ennemis d’Innocent et ses défenseurs ; à un autre bout se tenaient immobiles et craintifs ceux qui s’étaient abstenus à la fin et qui n’avaient pas lutté contre les libérateurs d’Innocent. Au milieu de la salle était un groupe nombreux qui soutenait Innocent et qui cherchait à mettre un peu d’ordre dans ses vêtements en lambeaux. Son visage était couvert de sang par suite d’un rude coup de poing qu’il avait reçu sur le nez.

D’un coup d’œil le maître comprit ce qui venait de se passer. Il commença par appeler deux domestiques :

« Prenez cet infortuné Gargilier, montez-le à l’infirmera et dites à l’infirmière de voir si ces petits misérables ne lui ont pas fait un mal sérieux.