Page:Segur - Pauvre Blaise.djvu/55

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sus du mur, et qui resta immobile quand sa tête et le haut de son corps eurent dépassé le mur. Jules cria ; le fantôme tourna vers lui des yeux flamboyants. Jules tremblait de tous ses membres ; Blaise n’était pas trop rassuré et restait immobile comme le fantôme ; il rassembla enfin tout son courage et fit le signe de la croix. Le fantôme ne bougea pas.

« Ce n’est pas un méchant fantôme, monsieur Jules, car s’il avait été un mauvais esprit, le signe de la croix l’aurait fait fuir. En tout cas, je vais lui jeter une pierre. »

Et Blaise, se baissant, ramassa une grosse pierre aiguë et la lança de toute sa force et avec une grande adresse à la tête du fantôme, qui poussa une espèce de hurlement effroyable et vint tomber au pied du mur, en dehors du cimetière ; il se roula par terre en continuant ses cris. Blaise crut reconnaître des miaulements de chat, et voulut courir à lui pour s’en assurer ; mais Jules, pâle et tremblant, le tenait par sa blouse et l’empêchait d’avancer.

Blaise.

Lâchez-moi donc, monsieur Jules, laissez-moi aller voir.

Jules.

Non, tu n’iras pas ; je ne veux pas que tu me laisses seul ; j’ai peur, j’ai peur du fantôme.