Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

que je retournai chez mon ami. Hélas ! sans me douter que je le verrais pour la dernière fois au nombre des vivants ! En entrant, la pâleur livide de ses traits me frappa. Je le trouvai sombre, morne, affaissé dans le crépuscule d’une des plus tristes journées de l’hiver.

— Enfin, te voilà ! me dit-il.

Bien souvent il m’avait accueillie par la même parole ; toutefois, aujourd’hui, il la prononçait d’un ton moins affectueux, presque sévère. Donc, lui aussi me méconnaissait ! L’injustice du reproche m’alla droit au cœur, et je fondis en larmes. L’impossibilité d’entrer en explications avec un homme aussi malade, et de lui faire comprendre qu’en quittant mon lit pour venir le trouver j’avais fait un grand effort, me mettait à la torture. Tout à coup, comme si, malgré l’ombre qui lui cachait mon visage, il eût deviné ma douleur, il m’appela près de lui, et me fit asseoir sur le bord