Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/83

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Il aurait pu cependant montrer, sans scrupule, ce qu’elle avait été pour lui. Elle lui avait donné sa première nourriture intellectuelle, et il avait puisé dans ses conversations aussi bien que dans son sang l’originalité et la force.

Madame Betty Heine, née de Geldern, et fille d’un médecin israélite fort distingué, avait reçu l’une de ces grandes éducations scientifiques et littéraires que certaines familles du xviiie siècle donnaient aux jeunes filles. C’était une véritable logicienne, et, en ceci du moins, elle n’était rien moins qu’Allemande. Elle attachait un grand prix à la justesse des termes, et représentait l’emphase comme le moyen le plus sûr de se rendre ridicule et désagréable. Elle ne donnait point dans la sensiblerie du temps ; par la rectitude naturelle de son esprit, elle était Française et n’était Française que par là. Juive, et, d’une haute famille, elle aimait le peuple : les Israélites,