Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

toujours étrangers dans les nations chrétiennes, deviennent volontiers cosmopolites et libéraux. Après avoir aimé la France dans ses grands écrivains, Voltaire et Rousseau, elle l’aima, ou du moins l’accepta quand elle la vit en armes et souveraine dans son pays. À vrai dire, pourquoi eût-elle été Prussienne ? Quel patriotisme pouvait-on raisonnablement attendre d’une femme dont la religion et la race étaient opprimées par le gouvernement qui tombait ? Sa race et sa religion étaient sa patrie, et trouvaient un meilleur abri sous l’égalité française que sous le pédantisme allemand. L’empereur Napoléon Ier avait porté la France jusque sur les bords du Rhin ; les maisons, transformées en auberges, s’ouvraient devant les gais et brillants soldats qui prétendaient faire à la fois la conquête des pays et celle des cœurs. Madame Heine leur ouvrit sa maison : ils trouvèrent chez elle une hospitalité aimable ; la maîtresse du logis ne leur