Page:Selden – Les Derniers Jours de Henri Heine, 1884.djvu/98

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des souffrances les plus intolérables, mais simplement du besoin de s’oublier lui-même pour faire plaisir aux autres. Les jours de fête, de renouvellement d’année, toutes ces dates si fastidieuses pour un malade, n’éveillaient en lui que des pensées bienveillantes et des prétextes d’offrandes. Voilà plus de vingt-six ans qu’il n’est plus, et néanmoins mes regards se portent toujours avec le même attendrissement sur la boîte rose en soie qu’il m’envoya pleine de bonbons, six semaines avant sa mort, le 1er janvier de l’année 1856, ce même 1er janvier dont il date l’une de ses plus jolies lettres : « Chère enfant, m’écrivait-il, je t’envoie mes souhaits de bonne année, et, en même temps, une boîte de chocolat, celui-là, du moins, de bon goût. Je sais que ce n’est point te faire grand plaisir que de me voir m’acquitter envers toi d’un devoir de convenance ; mais c’est surtout en vue de notre entourage, et pour ne point laisser