Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/15

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mitives, à cet état facile et simple composé de ses vrais biens, et qui lui interdît jusqu’à l’idée des maux qu’il s’est fait. Je voulois montrer cet état si méconnu et indiquer cette route de rétrogradation, devenue si nécessaire et que l’on croit si difficile. Mais projeter, qu’est-ce autre chose que choisir dans les possibles des événemens à notre gré, et accorder, par leur moyen, nos affections futures avec nos affections présentes y pour nous dissimuler que nous ignorons et les occasions et les sentimens que l’avenir produira ? Que d’entraves au-dehors et au-dedans sont survenues dès les premiers pas ! Une force comprimante a pesé sur moi lentement et constamment. Des soins puérils et fatigans ont occupé mes jours sous le déguisement des devoirs, et m’ont refusé d’abandonner tout à fait au sort ma vie incertaine et précaire.