Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/30

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usage qu’il n’a pas voulu, l’homme sentant que jamais il n’a pu se soumettre ainsi volontairement, attribue la prétendue foiblesse de sa volonté à la séduction des apparences ; et, pour ne pas désespérer de l’avenir, refuse de s’avouer qu’il n’a été subjugué que par la force inconnue, mais irrésistible de la nécessité, et que sa volonté n’a été foible et sans effet, que parce qu’elle avoit pour objet ce qui ne devoit pas arriver

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Cette dépendance ne m’est jamais plus pénible, que dans la saison où la nature inspire le repos et un libre abandon. Cette année du moins ma volonté paroît moins impuissante. Si je dois finir le mois dans cette retraite, terre automnale ! nourris-moi de ta douce langueur ; cieux tranquilles ! reposez l’inquiétude de mon cœur : je livre ma pensée à vos faciles impressions, je veux écrire librement et sans art ce que j’aurai senti sur l’homme et sa première destination[1]. Je cherche, en ma ma-

  1. Puisque des circonstances difficiles ont laissé imparfait et rendu inutile un ouvrage plus ordonné et plus entier, je me borne à un travail plus facile à l’indépendance de la pensée.