Page:Senancourt Obermann 1863.djvu/324

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d’autres rapports. Je crois que ceux-là lui importent peu : s’il n’a bien changé, c’est un excellent cœur. Un bon cœur change-t-il ?

Je le plaindrais peu d’avoir eu son habitation dévastée par les ouragans, et ses espérances détruites, s’il n’était pas marié ; mais puisqu’il l’est, je le plains beaucoup. S’il a vraiment une femme, il lui sera pénible de ne la pas voir heureuse ; s’il n’a avec lui qu’une personne qui porte son nom, il sera plongé dans bien des dégoûts auxquels l’aisance seule permet d’échapper. On ne m’a pas marqué qu’il eût ou qu’il n’eût pas d’enfants.

Faites-lui promettre de passer par Vevay, et de s’arrêter ici plusieurs jours. Le frère de madame Dellemar m’est peut-être destiné. – Il me vient une espérance. Dites-moi quelque chose à son sujet, vous qui le connaissez davantage. Félicitez sa sœur de ce qu’il a échappé à ce dernier malheur de la traversée. Non : ne lui dites rien de ma part ; laissez périr les temps passés.

Mais apprenez-moi quand il viendra ; et dites-moi, dans notre langue, votre pensée sur sa femme. Je souhaite qu’elle fasse avec lui le voyage ; c’est même à peu près nécessaire. La saison favorable pour voir la Suisse est un prétexte qui vous servira à les décider. Si l’on craint l’embarras ou les frais, assurez qu’elle pourra être agréablement et convenablement à Vevay, pendant qu’il terminera ses affaires à Zurich.

LETTRE LXX.

Im., 29 juillet, VIII.

Quoique ma dernière lettre ne soit partie qu’avant-hier, je vous écris sans avoir rien de particulier à vous dire. Si vous recevez les deux lettres à la fois, ne cherchez point dans celle-ci quelque chose de pressant ; je vous préviens