Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/51

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renverser la relation : le nom a inspiré le conte plus souvent que le fait incorporé dans le conte n’a suscité le nom.

De ces récits, ceux qui méritent le plus de crédit sont sans doute les traditions qui se réfèrent à des migrations plus ou moins lointaines dont le nom de la caste perpétue le souvenir ou la prétention. Elles nous montrent ces migrations, surtout parmi les castes supérieures, singulièrement fréquentes. Elles ne sont pas moins significatives. Le sentiment national n’existe guère. La vie se concentre dans un foyer plus étroit. Par les liens qu’elle noue, par la solidarité qu’elle crée, par les pratiques qu’elle consacre, la communauté de la caste ou de la tribu suffit à satisfaire les affections, à protéger les intérêts, à rassurer les préjugés. C’est ce cercle qui constitue la vraie patrie ; sous sa sauvegarde, l’instabilité est et surtout a été grande : les individus emportaient avec eux les attaches auxquelles ils mettent le plus de prix ; les groupemens qui essaimaient se reconstituaient sans peine, dans des milieux nouveaux, sous l’action permanente des mêmes instincts. Plus que jamais l’Inde nous apparaît ainsi comme un complexe immense d’organismes mobiles. Ils sont unifiés par des facteurs très divers. Il est d’abord certain que les variétés