Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/15

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Les récits trop ardus ou de la durée des tableaux, Le spectateur, subjugué par le drame, réduit en esclavage par le magique pouvoir du poète, ne songe plus à protester, emporté qu’il est à travers la nuit décevante, — comme Faust sur le manteau de Méphistophélès vers les apparitions u Brocken, — et tout imprégné du fluide musical de l’invisible orchestre qui vibre en lui. Alors, plus de ces discussions d’école sur la formule du drame lyrique, plus de stériles controverses touchant le symbolisme des leitmotive et de recherches vaines au sujet de leurs ramifications encore inexpliquées, plus de ces grivoiseries attachées au cocuage du roi Marke, ou bien à la blessure d’Amfortas et à la continence de Parsifal, dont s’amuse notre blague parisienne, mais une impression grandiose et austère, une foi contagieuse, une soudaine simplicité de cœur, une absorption spirituelle de la vision poétique dont l’âme reste bouleversée, et des jeunes filles qui, devant le prêtre du Graal élevant la coupe de vie, fondent en larmes comme au jour de leur première communion.

Cet été, dans ce milieu cosmopolite de Bayreuth, il était venu beaucoup de Français et de toute profession. Il y avait là non seulement des écrivains et des artistes, mais des médecins, des