Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/16

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étudiants, des avocats, dont plusieurs avaient ajouté, par simple curiosité, la ville de Bayreuth à leur itinéraire de voyage en Allemagne. Plusieurs étaient arrivés prévenus contre Wagner par leurs prédilections artistiques ou par des épigrammes de journaux. Tout d’abord devenus sincères au contact de cette foule respectueuse, bientôt ils ont été touchés de la grâce et, l’épreuve enfin subie, qu’ils fussent ou non préparés par des connaissances musicales à la représentation des drames wagnériens, — quel a été leur aveu unanime ? — Celui d’une révélation foudroyante et d’une admiration éperdue…[1].

Pendant que vous parcouriez les villes d’Allemagne, vous délassant de la visite des musées par l’audition de la Walkure ou de Gœtterdœmmerung, je faisais moi aussi mon pèlerinage wagnérien, mais à Paris, hélas ! dans les biblio-

  1. Seul, un journaliste, M. Albert Bataille, chroniqueur judiciaire du Figaro, n’a pas voulu, endigue disciple d’Albert Wolff, paraîtra avoir cédé à cet enchantement.

    Il a décrit ses impressions dans un article intitulé Retour de Bayreuth, publié à la fin d’août 1886. Bien qu’il admire Wagner, dit-il, et considère Parsifal comme un « drame chrétien d’une incomparable grandeur,… de ces soirées de Bayreuth, à son avis, il se dégage un mortel ennui… Je regrette, ajoute-t-il que la langue honnête ne possède pas un substantif plus énergique pour exprimer ma pensée. » Après quoi, il est allé se vanter au Palais d’avoir osé dire très haut ce que la plupart jusqu’ici pensaient tout bas.