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d’émancipation intellectuelle de l’Allemagne se firent jour tout d’abord au théâtre. « C’est en faveur du théâtre que Lessing avait commencé la lutte contre la domination française ; c’est pour le théâtre que Schiller l’avait couronnée de la plus belle victoire. » Le succès spontané du Freischütz de Weber fut aussi une protestation contre l’invasion des pièces françaises et de la musique italienne. La rénovation des arts lui succéda, sous le patronage des rois de Bavière Louis Ier et Maximilien II, dans la peinture, la sculpture et l’architecture.

Wagner remonte ensuite à l’antiquité et recherche dans les origines du théâtre l’accord de toutes les parties de l’art concourant à produire, par la représentation scénique, un enseignement populaire. Le drame moderne équivalent au drame grec a été créé par les poètes espagnols, vivifié par Shakespeare et porté à la perfection par Gœthe et Schiller.

Suit une longue dissertation sur l’art mimique étudié dans ses relations avec les différents arts. On peut ainsi la résumer : le talent du mime, c’est-à-dire l’imitation servile de la nature, est le point de départ du réalisme, tandis que la reproduction du réel, limitée par le jugement esthétique du poète ou du sculpteur, est l’origine de l’idéalisme. Quand l’imitation de la nature domine dans l’art théâtral, ainsi que cela existe sur la scène française, l’art est soumis au réalisme. « Le théâtre (français) resta toujours affecté à l’imitation immédiate de la