Page:Servières - Richard Wagner jugé en France, 1887.djvu/28

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venue de Suisse et de Belgique, accrue de Grecs et de Polonais. De cette actuelle confusion des langues procède sans doute le galimatias baroque et supercoquentieux en vue duquel ces barbares, — oh ! des stylistes ! — nous ont expropriés du merveilleux français de Rabelais, de Pascal, de Diderot et de Th. Gautier. Après s’être trop longtemps confinés dans la contemplation de leur petit monde, voici les Français devenus curieux des mœurs étrangères, des manières de sentir, de penser et d’écrire de leurs voisins. Les éternels romans anglais ne leur paraissant plus assez variés, la vogue est maintenant acquise aux écrivains russes. Devant cet engouement de fraîche date pour les productions slaves, les traducteurs promettent de nous livrer bientôt les chefs-d’œuvre littéraires de l’Italie, de l’Espagne et de la Norvège. Nos auteurs dramatiques, nos meilleurs romanciers reçoivent dans les pays étrangers une assez large hospitalité pour que l’équité nous oblige à payer de retour des artistes ou des écrivains de talent, qu’ils soient originaires de Florence, de Dresde ou de Moscou.

Donc, la cabale patriotique a triomphé des intentions néfastes de M. Carvalho et le sanctuaire de la musique française a été préservé d’une profanation réputée monstrueuse. Eh ! bien, soit !