Lord Chesterfield, en lisant cette lettre affecta un air d’indifférence ; il sourit à plusieurs passages ; il fit même remarquer à Dodsley qui en était le porteur, la manière heureuse avec laquelle ils étaient rendus : il dit que si, depuis long-tems, il avait négligé Johnson, c’est qu’il ignorait son adresse. Quant aux rebuffades qu’il se plaignait d’avoir reçues de ses gens, Sa Grâce affirma que c’était bien à son insu, et contre sa volonté, qu’il les avait éprouvées, ajoutant que si elle en avait été instruite, elle n’aurait point balancé à renvoyer les coupables, quels qu’ils fussent. La différence de caractère n’était pas la seule cause de l’espèce d’éloignement que le noble lord témoignait à notre auteur ; l’amour-propre et de hautes prétentions au savoir pour beaucoup.
Le dictionnaire de Johnson n’avait point encore paru, que déjà la réputation de cet ouvrage était assurée, et que de toutes parts, il arrivait des félicitations à l’auteur. L’université d’Oxford n’avait point voulu se prêter à le recevoir maître ès-arts, lorsque ce titre lui était nécessaire pour occuper un poste dont il avait le plus grand besoin ; mais aujourd’hui, sur la simple proposition d’un de ses membres, M. Warton, ami