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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

Sim Tchun qui connaissait parfaitement le moindre geste de son père, comprit aussitôt qu’il avait quelque chagrin. Elle lui demanda tendrement ce qu’il avait sur le cœur.

Sim Bonsa d’abord feignit de n’avoir aucun souci, puis finit par lui raconter que s’il avait trois cents sacs de bon riz à offrir au Bouddha il pourrait retrouver la vue. À cette nouvelle, Sim Tchun dissimulant mal ses sanglots resta triste et désolée.

Un jour le bruit circula dans la ville que les Chinois étaient venus acheter une belle jeune fille. Renseignement pris, il s’agissait de ces riches commerçants chinois qui venaient tous les trois ans en Corée pour y acheter des marchandises. Or, une superstition effroyable mais traditionnelle exigeait qu’on sacrifiât une belle jeune fille dans la Mer-Jaune afin d’obtenir une heureuse traversée de cette mer, surtout avec des marchandises de valeur. Voilà pourquoi ces riches commerçants cherchaient à acheter à tout prix une belle victime.

Sim Tchun sortit aussitôt sur la place de la ville où il y avait, en effet, des riches marchands chinois qui attendaient désespérément quelque proposition des habitants. Sim Tchun se présenta résolument devant les marchands, en leur disant :

— « Achetez-moi, je vous prie ! »

Les Chinois très heureux, lui demandèrent quel prix.

— « Me donneriez-vous quatre cents sacs de bon riz ? » répartit la jeune fille. Les Chinois acceptèrent et promirent de les livrer le lende-