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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

main même. Le lendemain les marchands chinois vinrent chercher Sim Tchun avec les quatre cents sacs de riz. Celle-ci, à la fois triste et joyeuse, offrit à son père les quatre cents sacs de riz en lui disant qu’il devait offrir trois cents sacs de ce riz au Bouddha pour retrouver la vue et qu’il devait garder le reste cents sacs pour sa provision.

Sim Bonsa surpris, demanda à sa fille la provenance de ce riz.

— « C’est pour vous rendre la vue que je me suis fait avancer quatre cents sacs de bon riz par un riche propriétaire d’une ville voisine en m’engageant chez lui comme domestique. »

Sim Bonsa, ému et triste, pleurait comme un enfant. Il recommanda à sa fille de revenir souvent le voir, tandis que la pauvre Sim Tchun sanglotait silencieusement tout en faisant ses adieux son malheureux père.

Le jour même du départ de sa fille, Sim Bonsa envoya trois cents sacs de riz au temple en honneur du Bouddha et il attendait tous les jours la visite de sa fille, la vraie lumière de ses yeux.

Sim Tchun, sous la conduite de ces riches marchands chinois, s’embarqua le jour même sur un énorme voilier qui prit aussitôt le large. Arrivés au milieu de cette mer fatale, les Chinois y jetèrent la malheureuse Sim Tchun qui disparut sous les vagues en sanglotant.

Un jour l’ambassadeur de sa Majesté le Roi de la Corée, revenant de la capitale chinoise, traversait en bateau la Mer-Jaune. Soudain, au grand étonnement de tout le monde, on vit une énorme et magnifique fleur de Lotus qui flottait