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MIROIR, CAUSE DE MALHEUR

jusqu’aux doctoresses et les nobles. Mais je n’ai jamais pu conquérir une bonzesse. Hâtez-vous de l’être pour exaucer le plus tôt possible mon dernier désir ! »

Raillée vaincue par ses colères impuissantes, la pauvre femme se plaignit amèrement des mauvaises conduites de son mari un jour auprès de son frère, qui était, lui, un rare vertueux.

Celui-ci fort irrité alla trouver son beau-frère et lui en fit de sérieux reproches. Quelques jours après Kim Hio-Sung soumettait à la signature du Roi un décret nommant son beau-frère gouverneur de Piung-An. Ce dernier comprit immédiatement le dessein vengeur du Chancelier et il se disait ironiquement :

— « Inutile de me mettre à l’épreuve ! Vous me reconnaîtrez une fois de plus ! »

Cependant il songeait à cette célèbre danseuse de Piung-An, Nénuphar-Rouge, dont la beauté et l’intelligence étaient universellement connues. Elle attirait de quatre coins du pays toute la jeunesse aisée, et d’immenses richesses étaient englouties par ses caprices.

— « Cette danseuse, pensa-t-il, non seulement elle n’arrivera pas à me débaucher, mais encore je tacherai de la supprimer de cette Société afin d’assainir l’atmosphère morale du pays. »

Avec cette ferme résolution, Kang Nam-Ki, le nouveau gouverneur de Piung-An, arriva à son gouvernement provincial. Dès le premier jour il interdit rigoureusement toute présence féminine aux réceptions officielles, car il prévoyait la présence probable de cette Nénuphar-Rouge qu’il