Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/185

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ſuppoſe, nous affirmera quelque choſe, nous ne ſaurons pas s’il nous l’expoſe telle qu’elle eſt de ſa nature, ou s’il n’avance pas comme vrai, ce qu’il foit eſtre faux : nous ne ſaurons pas s’il ne nous veut pas faire croire, comme vraie, une choſe fauſſe : vu qu’étant plus habile homme que tous les autres, nous ne ſaurions le réfuter. C’eſt pourquoy, quoyqu’il paſſe pour le vrai juge des choſes, nous ne l’en croirons pas davantage, parce que nous penſerons qu’à la vérité il ſe vante de dire vrai dans tout ce qu’il dit, mais que peut-eſtre il a intention de nous faire croire des choſes fauſſes comme vraies, ce qui luy eſt facile à cauſe qu’il a beaucoup d’eſprit & de ſubtilité.

Voilà les raiſons pour leſquelles on ne doit point ajouter foi à celuy là meſme qui ſeroit le plus habile & le plus ſubtil de tous les hommes, lorſqu’il s’agit de juger des choſes. Si maintenant quelqu’un prétendoit qu’il faut s’en rapporter au conſentement de pluſieurs, nous répondrons que c’eſt là une prétention vaine. Car premièrement le vrai, eſt peut-eſtre rare, & il ſe peut faire qu’un