Page:Sextus Empiricus - Les Hipotiposes pirroniennes.djvu/298

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munes, & les préjugez établis parmi les hommes, en ſe ſervant de l’expérience que l’on acquiert par l’uſage, ſans néanmoins établir aucun dogme ; & au reſte on doit s’abſtenir de juger de tout ce qui ſe dit parmi les dogmatiques par pure curioſité, & qui n’eſt d’aucune utilité pour l’uſage ou pour la conduite ordinaire de la vie.

Or puiſque la dialectique ne ſauroit réſoudre les ſophiſmes quels qu’ils ſoyent, dont la ſolution pourroit eſtre de quelque avantage ; & qu’à l’égard de ceux, dont on accorderoit qu’elle peut donner la ſolution, cette ſolution eſt inutile ; il faut dire que la dialectique eſt inutile pour réſoudre les ſophiſmes.

De plus une perſonne qui, après avoir examiné ce que diſent les dialectciens ſur ce ſujet, voudra les attaquer, pourra faire voir en peu de mots que tout leur art de réſoudre les ſophiſmes eſt abſolument ſuperflu : & voicy comment. Les dialecticyens diſent qu’ils ſe ſont appliquez avec force à la dialectique, non ſeulement pour apprendre quelles doivent eſtre les prémiſſes & la concluſion d’un bon raiſonnement, mais encore & principalement dans la vue, de ſavoir diſtinguer le vrai & le faux, par des arguments démonſtratifs : d’où vient qu’ils appellent la dialectique, la ſcience des choſes vraies, des fauſſes, & de celles qui ne ſont ni vraies ni fauſſes. Or puiſ-