Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/172

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champ qu’il est de son intérêt de se défaire de ces penchants.

Nous convenons que toute affection sociale, telle que la commisération, l’amitié, la reconnoissance & les autres inclinations libérales & généreuses, ne subsiste & ne s’étend qu’aux dépens des passions intéressées, que les premières nous divisent d’avec nous-mêmes, & nous ferment les yeux sur nos aises & sur notre salut particulier. Il semble donc que pour être parfaitement à soi, & tendre à son intérêt avec toute la vigueur possible, on n’auroit rien de mieux à faire pour son propre bonheur, que de déraciner sans ménagement toute cette suite d’affections sociales, & de traiter la bonté, la douceur, la commisération, l’affabilité, & leurs semblables, comme des extravagances d’imagination ou des foiblesses de la nature.