Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/179

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pérament varie, & que ses vicissitudes peuvent êtres funestes ; & qui que ce

    ajoutera-t’il, tout de suite, (car vous avez touché sa corde) ; voyez-vous cette petite Chienne noire & blanche : elle est assez mal coëffée : son poil & sa taille ne sont pas avantageux : elle paroît manquer de jarret ; mais elle a l’odorat exquis ; pour la tagacité, je ne connois pas sa pareille ; & de l’ardeur : hélas ? elle n’en a que trop pour sa force. Si j’avois le malheur de la perdre, je donnerois pour la retrouver tous ces grands Chiens de parade qui m’embarrassent plus qu’ils ne me servent. Fainéans, lâches & gourmands, mon Piqueur a pris des peines infinies pour n’en rien faire qui vaille : ils ont tellement dégénérés ; (car Finaude leur mere étoit admirable !) qu’il faut que par la négligence de ces coquins à rouer à coups de barre (ce sont ses Valets d’écurie) elle ait été couverte par quelque Mâtin de ma basse-cour, », C’est ainsi que ceux qui ont le moins étudié la Nature dans leur espece, distinguent à merveille & les défauts qui lui sont étrangers, & les qualités qui lui conviennent, en d’autres Créatures. C’ett ainsi que la bonté qui les affecte si peu en eux-mêmes & dans leurs semblables, surprend ailleurs leur hommage : tant est naturel le sentiment que nous en avons. C’est bien ici que nous aurons raison de dire avec Horace

      Naturam expellas furcâ ; tamen usque recurret.