Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/226

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Si l’affection partielle ruine la jouissance des plaisirs de sympathie & de participation, ce n’est pas tout ; elle tarit encore la troisième source des satisfactions intellectuelles ; je veux dire, le témoignage qu’on se rend à soi-même de bien mériter de tous ses semblables. Car d’où naîtroit ce sentiment présomptueux ? Quel mérite solide peut-on se reconnoître ? quel droit a-t-on sur l’estime des autres, quand l’affection qu’on a pour eux est si mal fondée ? Quelle confiance exiger, lorsque l’inclination est si capricieuse ? Qui comptera sur une tendresse qui pèche par la base, qui manque de principes ? Sur une amitié que la même fantaisie, qui l’a bornée à quelques personnes, à une petite partie du genre humain, peut resserrer encore & exclure celui qui en jouit actuellement, comme elle en a privé