Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/256

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goûts si remarquables en tous ceux dont le sentiment n’assaisonne pas les plaisirs, en sont des preuves suffisantes. La communication soutient la gaieté, le partage anime l’amour. La passion la plus vive ne tarde pas à s’éteindre, si je ne sçais quoi de réciproque, de généreux & de tendre, ne l’entretient : sans cet assaisonnement la plus ravissante beauté serait bientôt délaissée. Tout amour qui n’a de fondement que dans la jouissance de l’objet aimé, se tourne bientôt en aversion : l’effervescence des désirs commence, & la satiété que suivent les dégoûts, achève de tourmenter ceux qui se livrent aux plaisirs avec emportement. Leurs plus grandes douceurs sont réservées pour ceux qui savent se modérer. Toutefois ils sont les premiers à convenir du vide qu’ils y trouvent. Les hommes sobres goûtent les plaisirs