Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/276

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lancer les penchanss généraux, sans préjudicier au bonheur particulier de la Créature, ce serait, sans contredit, l’amour de la vie. Qui croirait cependant qu’il n’y en a aucune dont l’excès produise de si grands désordres, & soit plus fatal à la félicité ?

Que la vie soit quelquefois un malheur ; c’est un fait généralement avoué. Quand une Créature en est réduite à désirer sincèrement la mort ; c’est la traiter avec rigueur que de lui commander de vivre[1]. Dans ces conjonctures, quoique la Religion & la raison retiennent le bras, & ne permettent pas de finit ses maux en terminant ses jours,

  1. Sans compter toutes ces catastrophes désespérantes qui rendent la vie insupportable ; l’amour de Dieu produit le même effet : Cupio dissolvi, & esse cum Christo, disoit S. Paul. Mais si Judas l’Apôtre, après avoir trahi son Maître, se fût contenté de désirer la mort, il auroit prononcé sur lui-même le jugement que Jesus-Christ en avoit déja porté.