Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand les suites de cette passion ne seroient pas aussi fâcheuses que nous les avons représentées, il faudrait toujours convenir qu’elle est pernicieuse en elle-même, si c’est un malheur que d’être lâche, & si rien n’est plus triste que d’être agité par ces spectres & ces horreurs qui suivent partout ceux qui redoutent la mort. Car ce n’est pas seulement dans les périls & les hazards que cette crainte importune : lorsque le tempérament en est dominé, elle ne fait point de quartier : on frémit dans la retraite la plus assurée ; dans le réduit le plus tranquille on s’éveille en sursaut. Tout sert à ses fins ; aux yeux qu’elle fascine, tout objet est un monstre : elle agit dans le moment où les autres s’en aperçoivent le moins ; elle se fait sentir dans les occasions les plus imprévues ; il n’y a point de divertisse-