Page:Shaftesbury - Principes de la philosophie morale, tad Diderot, 1745.djvu/288

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sens ; c’est autant de bien perdu, si quelque vice dans les facultés intérieures, si quelque défaut dans les dispositions naturelles en altère la jouissance.

On remarque que ceux dont l’intempérance & les excès ont ruiné l’estomac, n’en ont pas moins d’appétit ; mais c’est un appétit faux & qui n’est point naturel. Telle est la soif d’un ivrogne ou d’un fiévreux. Cependant la satisfaction de l’appétit naturel ; en un mot, le soulagement de la soif & de la faim, est infiniment supérieur à la sensualité des repas superflus de nos Pétrones les plus érudits & de nos plus raffinés voluptueux. C’est une différence qu’ils ont eux-mêmes quelquefois éprouvée : que ce Peuple Epicurien accoutumé à prévenir l’appétit, se trouve forcé par quelque circonstance particulière,